Les musulmans attendent avec impatience l’arrivée du mois béni de Ramadan tant c’est un mois plein de spiritualité, de miséricorde, de pardon et de partage. Ils jeûnent pendant la journée et prient pendant la nuit implorant Dieu Tout-Puissant de les compter parmi ses humbles serviteurs.
Sauf que cet enthousiasme n’est pas toujours partagé par les riverains et les habitants de certains quartiers qui subissent jusqu’à tard dans la nuit les désagréments et les nuisances sonores provenant du bas de chez eux. Tous les soirs après le coucher du soleil, se mêlent dans ces cités les sons de musiques fortes, d’attroupements bruyants, d’engins motorisés ou toute autre animation improvisée à l’occasion. A l’origine de ce ramdam (*), des jeunes désœuvrés et laissés pour compte, inconscients du tort qu’ils peuvent causer à leurs voisins.
Ramdam, un mot qui va à contresens de l’esprit de Ramadan. Une altération de la prononciation et une dégradation du sens du mot Ramadan. En effet, Ramadan est censé être un mois de paix intérieure, de sérénité et de bonté avec les gens. Il est inadmissible que des voisins, musulmans ou pas d’ailleurs, soient dérangés dans leur quiétude ou leur sommeil. Ce n’était nullement l’attitude du prophète bien-aimé avec ses voisins. N’est-ce pas lui qui a dit : « Par Dieu, il ne croit pas. Par Dieu, il ne croit pas. Par Dieu, il ne croit pas (trois fois) ». « Qui donc ? » demandent ses compagnons. « Celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses nuisances » répond-il.
Plus encore. Il ne s’agit pas seulement de s’abstenir de causer du tort à son voisin, mais d’être bienveillant envers lui et de lui porter assistance en cas de besoin. Les paroles prophétiques abondent dans ce sens, comme celle-ci : « Que celui qui croit en Dieu et au jour dernier soit bon envers son voisin » ou telle autre « l’ange Gabriel n’a cessé de me recommander le voisin au point où j’ai cru qu’il allait faire de lui un héritier ». Il l’a presque élevé au rang d’un membre de la famille qui a droit à l’héritage !
Le bon voisinage et le respect d’autrui est un impératif pour vivre ensemble et évoluer dans un même environnement. Et en tant que porteur de foi, le musulman se doit d’être plus exigeant au niveau de son comportement et montrer le meilleur de soi-même. Car il est l’image vivante observée et jugée au quotidien par les gens. Et c’est cette image-là qui alimentera en bien ou en mal la perception de l’islam chez nos concitoyens.
Alors, faisons attention à ne pas repousser les gens de la voie de Dieu par nos mauvais agissements et invoquons le Très-Haut : « Seigneur, ne fais pas de nous une cause de détournement pour ceux qui ont mécru ; et pardonne-nous, Seigneur, car c’est Toi le Puissant, le Sage. » Verset 60/5.
En somme, faisons le ramadan et non plus le ramdam !
K.M.
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(*) Ramdam : mot qui signifie tapage. Il est apparu à la fin du 19ème siècle en lien avec la colonisation française du Maghreb. Il est issu d’un changement de graphie et de l’altération de la prononciation du mot arabe « ramadan » prononcé « ramdan » dans l’arabe dialectal maghrebin. Ce mot a subi un glissement sémantique du fait que l’aspect le plus caractéristique du ramadan, aux yeux de nombreux non-musulmans de l’époque, soit l’intense et bruyante activité nocturne qui suit les journées de jeûne durant ce mois.