Première génération
Les années 70 et le début des années 80 ont été une période marquée, pour les acteurs musulmans de France, par le besoin d’aider la communauté, en grande partie étrangère, à préserver son identité et à trouver les moyens de pratiquer sa religion. Le projet d’une installation définitive en France ne concernait alors qu’une petite partie de cette communauté.
A partir de 1985 et durant environ une décennie fut une période de la prise de conscience du passage d’une immigration temporaire à la sédentarisation. L’UOIF a alors commencé à poser les éléments d’une réflexion qui allie cette présence musulmane à la réalité française.
A partir de 1985 et durant environ une décennie fut une période de la prise de conscience du passage d’une immigration temporaire à la sédentarisation. L’UOIF a alors commencé à poser les éléments d’une réflexion qui allie cette présence musulmane à la réalité française.
La notion de "musulmans de France" a alors peu à peu pris la place de "musulmans en France" pour se retrouver intégrée dans le nom même de l’UOIF (Union des Organisations Islamique de France).
En même temps que la mise en place de structures essentielles servant à l’accompagnement et à l’épanouissement cultuel des musulmans en France, cette décennie a vu l’émergence et le développement d’avis religieux appropriés à ce contexte nouveau. Divers travaux ont vu le jour sur des sujets tels que la citoyenneté, l’identité française et l’identité musulmane entre autres.
En même temps que la mise en place de structures essentielles servant à l’accompagnement et à l’épanouissement cultuel des musulmans en France, cette décennie a vu l’émergence et le développement d’avis religieux appropriés à ce contexte nouveau. Divers travaux ont vu le jour sur des sujets tels que la citoyenneté, l’identité française et l’identité musulmane entre autres.
Aujourd’hui il est à constater- notre connaissance du terrain et les différentes enquêtes le prouvent - que les musulmans se sont appropriés l’islam.
Malheureusement, certains courants se sont nourris du besoin religieux des musulmans et de leur retour à la pratique, pour leur proposer une lecture de l’islam anachronique et exclusive. Nous constatons aujourd’hui à quel point cela a pu désaxer certains musulmans. Dans le même temps et pour diverses raisons, la réalité sociale française et son regard sur l’islam et les musulmans ont fortement changé.
Malheureusement, certains courants se sont nourris du besoin religieux des musulmans et de leur retour à la pratique, pour leur proposer une lecture de l’islam anachronique et exclusive. Nous constatons aujourd’hui à quel point cela a pu désaxer certains musulmans. Dans le même temps et pour diverses raisons, la réalité sociale française et son regard sur l’islam et les musulmans ont fortement changé.
L'adaptation
Premier chantier : L'adaptation, entre la fin des années 70 jusqu’au milieu des années 80, nous vivions alors un « islam transitoire » incarné par les étudiants ou les travailleurs que nous étions et qui essayaient, tant bien que mal, de s’adapter à un nouveau contexte qui demeurait temporaire dans nos esprits. C’était l’époque de l’« Union d’Organisation Islamique en France », pour accompagner un islam transitoire. Le titre est très évocateur à ce titre. Notre mouvement était alors élitiste et exigeait un investissement intellectuel, spirituel et moral important.
Avec l’irruption de la deuxième génération et l’installation durable des familles, au milieu des années quatre-vingt, notre perception théologique évolua. Nous avions compris la responsabilité de penser l’islam dans un contexte socioculturel nouveau.
Avec l’irruption de la deuxième génération et l’installation durable des familles, au milieu des années quatre-vingt, notre perception théologique évolua. Nous avions compris la responsabilité de penser l’islam dans un contexte socioculturel nouveau.
Nous avons organisé à cet effet des colloques théologiques sur la légitimité de la résidence définitive du musulman en France puis le sujet de l’acquisition de la nationalité française. Une chose évidente aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Nous avions gagné la bataille théologique qui vise à réconcilier la francité et l’islamité de nos coreligionnaires. Un combat aujourd’hui oublié.
Afin de répondre aux besoins de cette jeune communauté, l’UOIF s’est employée à fournir des structures et à monter des projets : constructions de lieux de culte, instituts de formation des imams, enseignement de l’arabe et de l’islam au grand public, création d’associations cultuelles et culturelles etc. Cela a été concomitant à une prise de conscience de l’émergence d’une identité française et musulmane.
Afin de répondre aux besoins de cette jeune communauté, l’UOIF s’est employée à fournir des structures et à monter des projets : constructions de lieux de culte, instituts de formation des imams, enseignement de l’arabe et de l’islam au grand public, création d’associations cultuelles et culturelles etc. Cela a été concomitant à une prise de conscience de l’émergence d’une identité française et musulmane.

L'émancipation
Seconde étape : L’émancipation, les musulmans de France prennent pleinement conscience de leur citoyenneté et réclament les droits qui en découlent. Le volet théologique voit aussi une évolution majeure : sortir des traditions séculaires et réfléchir l’islam de manière ontologique. Il fallait aussi rompre avec les considérations ethniques.
C’est l’étape durant laquelle l’« Union des Organisations en France » est devenue alors « Union des Organisations islamiques de France » pour marquer cette installation de l’islam, des années quatre-vingt jusqu’aux années quatre-vingts dix.
L’UOIF a travaillé le fait qu’être musulman et français était parfaitement compatible, mais il fallait accompagner cela d’un travail théologique d’envergure, et cela n’est pas encore achevé.
La perceptive de l’époque était celle d’une intégration conforme à la légalité juridique française, un discours sur l’adaptation de l’islam au cadre laïque de la République, accompagnée d’une revendication de droits religieux légaux avec parfois des moments difficiles, aussi bien dans la stratégie que dans la communication.
La perceptive de l’époque était celle d’une intégration conforme à la légalité juridique française, un discours sur l’adaptation de l’islam au cadre laïque de la République, accompagnée d’une revendication de droits religieux légaux avec parfois des moments difficiles, aussi bien dans la stratégie que dans la communication.
Certes, L’UOIF était à l’initiative de la création d’associations cultuelles, culturelles, humanitaires, des institutions de formation religieuse, des établissements scolaires privés… mais jamais l’idée de créer un parti politique musulman n’a effleuré son esprit.
Elle la réfute, voire elle l’a combat, renvoyant les musulmans aux partis politiques en place et à leur engagement citoyen personnel.
Elle la réfute, voire elle l’a combat, renvoyant les musulmans aux partis politiques en place et à leur engagement citoyen personnel.
L'UOIF devient Musulmans de France
Enfin, nous sommes au troisième moment de notre histoire. Aujourd’hui, l’UOIF devient « Musulmans de France » et entre dans une phase de sécularisation, c’est-à-dire revenir aux contenus religieux et aux développements théologiques issus de notre école réformiste, mais aussi au niveau organisationnel où nous ouvrons l’adhésion à toutes les personnes physiques. Nous n’avons pas prétention de représenter tous les musulmans, loin de là, nous sommes juste une partie des musulmans de France.
Après plusieurs années de travaux, nous avons rédigé une charte, préalable à toute adhésion, qui explique qui nous sommes et quelles sont les valeurs qui nous animent.
Nous affirmons ici sans ambiguïté ce qui a toujours était le cas pour l’UOIF mais avec plus d’insistance encore : « Musulmans de France » est contre un communautariste qui revendiquerait pour les musulmans de France un quelconque privilège aux dépens de l’intérêt de la nation à laquelle notre communauté musulmane spirituelle demeure intégrée et fidèle.
Après plusieurs années de travaux, nous avons rédigé une charte, préalable à toute adhésion, qui explique qui nous sommes et quelles sont les valeurs qui nous animent.
Nous affirmons ici sans ambiguïté ce qui a toujours était le cas pour l’UOIF mais avec plus d’insistance encore : « Musulmans de France » est contre un communautariste qui revendiquerait pour les musulmans de France un quelconque privilège aux dépens de l’intérêt de la nation à laquelle notre communauté musulmane spirituelle demeure intégrée et fidèle.
Notre Constitution est la Constitution française et notre droit est le droit français. C’est au sein de ce cadre républicain que nous entendons interpréter et pratiquer notre religion, pour ceux qui ont fait le choix de pratiquer. Sans renoncer à notre éthique de responsabilité nous allons continuer à exprimer nos convictions en gardant toujours une perspective d’apaisement. Vu le tournant historique très sensible que traverse la France, nous revendiquons une lecture de l’islam en tant que spiritualité, pratiques cultuelles et éthiques et qui prend en considération les perceptions, les mentalités et les peurs de nos concitoyens français.
Nous passons de l’adaptation légale de l’islam à une perspective de son acculturation afin que chacun d’entre nous vive pleinement sa foi, sans distorsion, sans schizophrénie et en phase avec son époque. Un islam qui reste l’islam, avec ses piliers, son dogme, ses pratiques mais vécus dans la paix et la dignité avec tous nos concitoyens.
Nous passons de l’adaptation légale de l’islam à une perspective de son acculturation afin que chacun d’entre nous vive pleinement sa foi, sans distorsion, sans schizophrénie et en phase avec son époque. Un islam qui reste l’islam, avec ses piliers, son dogme, ses pratiques mais vécus dans la paix et la dignité avec tous nos concitoyens.

Trois piliers qui refondent notre action
La foi
L'épanouissement
La contribution
C’est le départ, l’origine et aussi la finalité. Nous devons saisir toutes les dimensions de la foi qui exige - outre la sincérité - l’élévation spirituelle par une relation avec Dieu continue et revivifiée, l’amour du Prophète (sbs) et l’inspiration que procure sa vie.
C’est aussi évoquer la grande moralité, le bon comportement et les pratiques rituelles.La foi doit nous procurer la force de résister aux tentations matérielles et aux modes de vie coupés du sens profond de notre existence. En ce sens, elle procure bonheur et apaisement. Nous devons aussi saisir la responsabilité qui nous incombe dans la transmission de cette foi aux générations futures qui sont placés face à une multitude de courants facilement accessibles.
Ce sont bien sûr les piliers de la foi sur lesquels notre foi se fonde mais aussi transmettre les moyens de préserver son âme, de la purifier, de maintenir cette foi vivante et bénéfique pour le croyant comme pour son entourage.
C’est aussi évoquer la grande moralité, le bon comportement et les pratiques rituelles.La foi doit nous procurer la force de résister aux tentations matérielles et aux modes de vie coupés du sens profond de notre existence. En ce sens, elle procure bonheur et apaisement. Nous devons aussi saisir la responsabilité qui nous incombe dans la transmission de cette foi aux générations futures qui sont placés face à une multitude de courants facilement accessibles.
Ce sont bien sûr les piliers de la foi sur lesquels notre foi se fonde mais aussi transmettre les moyens de préserver son âme, de la purifier, de maintenir cette foi vivante et bénéfique pour le croyant comme pour son entourage.
L’islam n’exige pas de l’homme de délaisser sa vie terrestre. Au contraire, il l’appelle à assumer pleinement ses obligations personnelles, familiales et professionnelles. Cet équilibre est une nécessité même pour maintenir sa foi et saisir le sens de la religion. Aujourd’hui, l’épanouissement est une valeur sociétale qui a pignon sur rue et qui ouvre un commerce florissant.
Plutôt qu’à ajouter de la consommation et de l’individualisme, notre approche consiste plutôt à réfléchir ensemble, avec nos fidèles, à orienter nos vies selon des principes, des orientations qui permettent à chacun de trouver un équilibre.
Pour ce faire, le premier apport est de continuer à produire une pensée religieuse adaptée au contexte et ancrée dans le réel.
Afin que cessent les contradictions ou les tourments vécus par uns ou les autres, il faut véritablement diffuser un discours qui apporte les réponses aux défis personnels des fidèles. C’est le sens du travail de l’UOIF depuis des décennies.
Nous devons aller plus loin dans la réflexion et dans la diffusion de cette pensée salvatrice.
Plutôt qu’à ajouter de la consommation et de l’individualisme, notre approche consiste plutôt à réfléchir ensemble, avec nos fidèles, à orienter nos vies selon des principes, des orientations qui permettent à chacun de trouver un équilibre.
Pour ce faire, le premier apport est de continuer à produire une pensée religieuse adaptée au contexte et ancrée dans le réel.
Afin que cessent les contradictions ou les tourments vécus par uns ou les autres, il faut véritablement diffuser un discours qui apporte les réponses aux défis personnels des fidèles. C’est le sens du travail de l’UOIF depuis des décennies.
Nous devons aller plus loin dans la réflexion et dans la diffusion de cette pensée salvatrice.
Notre lecture de l’islam n’envisage aucun repli sur soi. Tout en intériorisant le contexte sécularisé, les principes de l’islam orientent toute la vie du croyant. Cela est vrai pour n’importe quelle philosophie ou dogme. Si la société nous pousse à ne pas mettre en avant la religion dans les domaines « laïcs », nos positionnements et nos réflexions sur la société sont aussi structurés par nos convictions religieuses et surtout par les principes qui en émanent.
Nous pensons que le musulman doit contribuer au bien là où il se trouve ou limiter le mal. Etre au service des hommes des hommes, sans distinction, prendre soin des plus faibles, exiger une juste répartition des richesses…tout cela doit conduire les Français de confession musulmane à s’engager, à la mesure de ses capacités, à l’essor de la société.
Cela est d’autant plus nécessaire que les attentats ont laissé des stigmates importants et que les discours politiques n’épargnent pas les musulmans. Malgré cette défiance et cette islamophobie, nous devons aussi répondre par la contribution positive, généreuse et désintéressée.
Par ailleurs, nous avons développé une approche du travail collectif très importante durant toutes ces années. Nous y voyions un lien - la fraternité – véritable ciment dans l’œuvre collective. Ce ciment est tout aussi vital pour l’ensemble de la société. Notre apport se situe aussi dans les débats de société et qui concernent l’avenir.
Nous pensons que le musulman doit contribuer au bien là où il se trouve ou limiter le mal. Etre au service des hommes des hommes, sans distinction, prendre soin des plus faibles, exiger une juste répartition des richesses…tout cela doit conduire les Français de confession musulmane à s’engager, à la mesure de ses capacités, à l’essor de la société.
Cela est d’autant plus nécessaire que les attentats ont laissé des stigmates importants et que les discours politiques n’épargnent pas les musulmans. Malgré cette défiance et cette islamophobie, nous devons aussi répondre par la contribution positive, généreuse et désintéressée.
Par ailleurs, nous avons développé une approche du travail collectif très importante durant toutes ces années. Nous y voyions un lien - la fraternité – véritable ciment dans l’œuvre collective. Ce ciment est tout aussi vital pour l’ensemble de la société. Notre apport se situe aussi dans les débats de société et qui concernent l’avenir.