« Il faut combattre le discours des Frères musulmans dans notre pays, il faut combattre les groupes salafistes dans les quartiers », avez-vous dit lundi 9 février sur Europe 1.
« Combattre les groupes salafistes dans les quartiers » a du sens, à condition de préciser que cela concerne une partie seulement des courants salafistes, les partisans du djihad, et non les piétistes. Sinon, pourquoi ne pas « combattre » aussi les autres fondamentalistes religieux, évangéliques, hassidiques, etc ?
Mais quel est ce « discours des Frères musulmans dans notre pays » ? Qui le porte ? L’UOIF ? Tariq Ramadan ? Qui d’autre ?
Si vous pensez que ce « discours » et ses porteurs ont une responsabilité dans la situation critique que nous connaissons, que n’en tirez-vous les conséquences, Monsieur Valls ?
Mais alors vous devrez nous expliquer comment vous conciliez cela avec votre posture laïque et républicaine.
Refuserez-vous de recevoir en France des ministres du gouvernement tunisien membres du parti Ennahdha porteur de ce « discours des Frères musulmans », alors que ce parti a contribué à l’instauration et à la consolidation d’une République démocratique pluraliste ?
Si le salafisme et les Frères musulmans sont un seul et même ennemi pour vous, pourrez-vous dire, comme Netanyahou — et aussi, hélas, le grand rabbin de France — « Daech, Hamas, même combat ! » ?
La France est en guerre avec Daech. Mais êtes-vous aussi en guerre avec le Hamas, Monsieur Valls ?
Si vous confondez dans un même opprobre les tendances piétistes et conservatrices présentes chez les musulmans de France et les actes terroristes des djihadistes radicaux, comment pouvez-vous sincèrement espérer l’affirmation d’un « islam modéré » qui soit autre chose que celui des non pratiquants ?
Pierre Prades
Source : Mediapart.