Nous croyons qu’une telle exclusion – qui plus est normalisée – devrait vous interpeller. A plus forte raison lorsque cette exclusion – comme la HALDE l’avait si clairement démontré dans sa délibération du 14 mai 2007 – présente toutes les caractéristiques d’une discrimination du fait des convictions religieuses. Cependant, il semble que l’atmosphère populiste nauséabonde dans laquelle est plongée notre pays empêche de percevoir la gravité d’une telle situation. Et pourtant ! L’exclusion des mamans musulmanes est, d’une part, une violence injuste car elle ne se fonde nullement sur ce qu’elles disent ou font mais sur la seule expression silencieuse de leur liberté, et d’autre part, intensément illégale parce qu’elle n’est basée sur aucune loi. Comment pourriez-vous ignorer, Monsieur le Ministre, de tels agissements de vos services, et si vous ne les ignorez pas comment pourriez vous les laisser se développer. Nous en appelons à votre autorité et à votre sens républicain pour faire cesser ce déni de droit. Oui, la société française change. Oui, il y a aujourd’hui des citoyens de multiples confessions, de différentes origines ethnoculturelles, qui ne demandent qu’à participer à la vie sociale, mais dans le respect de leur dignité et de leurs choix existentiels.
Être femme, être musulmane et le montrer est aujourd’hui devenu un handicap, en particulier lorsque l’on est une mère de famille. Ce n’est pas tolérable. Les citoyens que nous sommes, parce qu’ils sont profondément attachés aux principes républicains non dévoyés, ne peuvent pas accepter cette multiplication des cas d’exclusion. Et il est clair que les mères exclues, ainsi que d’autres parents d’élèves, n’accepteront pas que cela continue, même si leur dernier recours est la voie judiciaire. Il faut que vous compreniez que ces humiliations à répétition des mères rejetées aux vu et au su de tout le monde est en train de laisser des traces. Le sentiment de la blessure risque de toucher les familles, l’entourage, les amis, les coreligionnaires, tout ceux qui en sont témoins, mais surtout les enfants, les élèves de France, de cette école de la République dont vous êtes en charge.
Nous, citoyens français, attachés aux valeurs d’une laïcité authentique, celle qui est soucieuse de l’égalité et du vivre ensemble, vous demandons, Monsieur le Ministre, de prendre officiellement et clairement position contre ces agissements d’exclusion. Nous vous demandons humblement mais résolument, de rappeler que ces collaboratrices occasionnelles du service public – puisque c’est le qualificatif qu’on leur prête – ne peuvent être rejetées et maintenues à l’écart de la vie scolaire du fait de leur appartenance religieuse réelle ou supposée.
Premiers signataires : Fatima AYACH, Présidente du Comité 15 mars ; Raphaël LIOGIER, professeur à Sciences Pô Aix-en-Provence, sociologue ; Hakim CHERGUI, avocat ; Fouad ALAOUI ; Bénédicte LE MOAL, mère au foyer ; Amar LASFAR, président de l’UOIF.
1 Comment
That’s a skillful answer to a diflucift question