Le Poitevin qui avait tagué le portail de la mosquée de Poitiers après l’attentat contre Charlie Hebdo a été condamné au terme d’un procès déroutant.
Il venait pour s’expliquer sur un tag haineux peint sur le portail de la mosquée de Poitiers le soir de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier dernier. Et l’on a surtout disserté sur sa conduite. Pas ce comportement qu’il décrit lui-même comme « imbécile », non, sur sa conduite automobile. Est-ce que, ce soir-là, il a conduit en état d’ivresse ?
La question n’est pas anodine pour Jérôme Schalk, 38 ans, gérant poitevin d’une société de location de matériel. Son permis, il a déjà dû le remettre à la justice en 2013 après une condamnation pour conduite en état d’ivresse.
» J’ai même écrit au recteur pour m’excuser »
Alors, le tag passe vite à l’as. Les choses sont claires, Jérôme reconnaît les faits depuis le début. Il s’excuse à nouveau, dit qu’il « regrette infiniment », qu’il était très ivre ce soir du 7 janvier (1,76 g) et que l’écoute en boucle des infos l’avait tourneboulé. Il avait pris dans le coffre de sa voiture le pot de peinture à l’eau bleu clair et un pinceau destinés à réaliser une frise dans son bureau. En fait de frise, sur le portail de la mosquée, il écrit : « Mort aux Arabes, les Français sont en guerre, honte à votre peuple. » Il est vu par un témoin et vite interpellé alors qu’il repart à pied.
« J’ai même écrit au recteur de la mosquée pour m’excuser et proposer de rembourser. On ne m’a jamais répondu », raconte Jérôme. La communauté musulmane semble aussi préférer glisser vers l’oubli. Elle n’a présenté aucune demande indemnitaire et elle n’est pas représentée à l’audience.
Les débats en sont là quand elle s’emballe sur les trous supposés de l’enquête soulignés par Me Levandowski alors que son client est titillé sur sa conduite automobile en état d’ivresse.
Le procureur Virbel s’agace contre l’attestation de non-conduite signée par une personne épinglée pour des violences. Il le répète plusieurs fois. Le ton monte. « Des pièces nouvelles et contestées sont présentées à l’audience, je demande un supplément d’information ! », lance-t-il.
« Ce n’est pas à moi de prouver les faits », répète de son côté Me Levandowski en expliquant avec force détails que, non, décidément non, Jérôme ne conduisait pas ce soir-là. « Il allait chercher un taxi vers la porte de Paris quand il a été arrêté. »
Le tag infamant, il en parle au détour d’une phrase, c’est la chute de sa plaidoirie. Il souligne le « repentir immédiat acté par les policiers » et les « excuses écrites » qui appellent une « extrême indulgence ».
Le tribunal s’en tient à deux mois de prison avec sursis et 200 € d’amende pour l’incitation à la haine raciale et les dégradations légères aussitôt effacées. Reste la conduite en état d’ivresse. Le tribunal sort sa botte secrète et remet la balle au centre : relaxe au bénéfice du doute. L’alcoolémie n’avait été mesurée qu’une fois. Les poursuites ne tenaient pas… la route.
Source : lanouvellerépublique.fr