Un jour béni
Le jour d’Arafat est le jour du parachèvement de la religion et de l’accomplissement de la grâce divine. Il a été rapporté de source sûre (Boukhari et Mouslim) qu’un juif de Médine interpela Omar ibn al-Khattab en lui disant :
– Ô Commandeur des croyants ! Il y a un verset dans votre livre que nous célébrions s’il nous avait été destiné !
– Omar : Quel verset ?
– Le juif : [Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous]. (Sourate Al-Maidah/la table servie ; verset 3)
– Omar : Nous connaissons le jour et le lieu de sa révélation. C’était un vendredi sur le mont de Arafat.
Le jour d’Arafat est le jour du pardon, de l’affranchissement de l’enfer et de la manifestation de la clémence divine. Mouslim rapporte selon Aïcha, la mère des croyants, que le Prophète a dit :« Il n’est pas de jour pendant lequel Allah affranchit plus de croyants que le jour de Arafat. En effet, Il s’approche et se montre devant les anges fiers de l’état des pèlerins et leur dit : que veulent ceux-là ? ». Puis prend les Anges en témoin et dit : « Soyez témoins que je leur ai pardonné ». Selon la version du compagnon Jaber, les anges remarquent la présence de personnes ayant commis trop de péchés, mais Dieu leur confirme : « Et à eux j’ai pardonné aussi »
La grâce qui transcende l’espace
Un jour tellement important que la grâce dépasse les lieux de Arafat pour toucher tous les musulmans, même ceux qui n’accomplissent pas le pèlerinage et qui ne se trouvent pas sur le mont de Arafat. D’après Abou Qatadah, le Messager d’Allah a été interrogé à propos du jour d’Arafat et il en a dit : « Le jeûne du jour d’Arafat (pour les non pèlerins) expie les péchés de l’année précédente et ceux de l’année suivante »[ Rapporté par Mouslim ].
– Cas 1 : Dieu vous préserve des péchés. Il vous évite de tomber dans le péché et cela est une forme de pardon. On peut remarquer que c’est quasiment impossible pour tous les jeûneurs, ou du moins ça ne concerne qu’une élite qui se garde de tout excès et qui est juste et infaillible.
– Cas 2 : Dieu vous épargne les péchés capitaux (kabair). Dieu a garanti dans son Livre pour ceux qui évitent les péchés majeurs d’avoir un pardon total : « Si vous évitez les grands péchés qui vous sont interdits, Nous effacerons vos méfaits de votre compte, et Nous vous ferons entrer dans un endroit honorable (le Paradis) (sourate Annissa/les femmes ; verset 3). On peut remarquer que ce cas n’est pas propre à Arafat et n’est pas spécifique aux jeûneurs de Arafat mais qu’il concerne tous les moments et les personnes.
– Cas 3 : Dieu vous facilite le repentir après chaque péché. Le pardon au final est lié au repentir car celui qui se repent se voit lavé de ses péchés.
– Cas 4 : C’est le cas qui convient le plus au mérite de ce jour. Tout type de péchés sera pardonné avant son accomplissement. Comment? La grâce est telle que la pureté de l’âme devient inaltérable. C’est le cas des actes de grand mérite… Quand le troisième Calife Othman Ibn Affane a fait un énorme don, le prophète a fait ce commentaire : « Rien ne nuira, après ce jour, à Othman ». Rien ne peut lui nuire car son acte est tel une rivière qui reste insensible à une petite impureté qui l’affecte. Ibn Alqayim cite dans son célèbre « Stations des cheminants » (Madarij Assalikine, T1-P328) un commentaire de Ibn Taymiyah qui traite de la capacité qu’ont les actes de grand mérite à effacer les péchés, il dit ceci : « J’ai entendu, Ibn Taymiyah dire : [Regarde le comportement de Moussa, Moïse, il a cassé les tablettes que Dieu a écrit lui-même en les jetant, il a tiré Haroun, un prophète comme lui, par sa barbe, il a crevé l’oeil de l’ange de la mort lorsqu’il lui a demandé la permission de prendre son âme et il a contesté le nombre de prières que Dieu a rendu obligatoires pour les musulmans lors de l’ascension du prophète Mohamed (de 50 à 5). Mais malgré tout Dieu n’a cessé d’être clément envers lui, aimant et généreux car il a accompli de nombreux actes de grand mérite en adoptant de grandes positions face au plus grand ennemi de Dieu (Pharaon), en transmettant son message et il a fait face à deux nations , les fils d’Israel et les Coptes. Tous ce qu’il a fait de blâmable n’est qu’un poil dans un océan de bien. Par contre regarde Jonas, il n’a pas accompli d’actes de grand mérite comme Moussa, il lui a suffi d’une erreur pour se retrouver prisonnier dans le ventre d’un animal marin. Dieu ne lui a pas accordé le même traitement que Moussa car il y a une différence entre celui qui commet ne serait-ce un péché mais qui se trouve dépourvu d’action de mérite qui intercèdent en sa faveur et celui qui lorsqu’il commet un péché son actif des bonnes actions s’interpose en mille intercesseurs.
Nous comprenons ainsi pourquoi le jeûne de ce jour béni expie les péchés antérieurs et postérieurs. C’est la grâce pure et inaltérable qui est à l’oeuvre.
Heureux sont les jeûneurs de ce jour !