Pèlerin. Le ramadan est aujourd’hui un vrai phénomène de société. Même les jeunes l’observent, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans. Est-ce une mode, une revendication identitaire ou un signe de foi ?
C’est un vrai retour au spirituel.
Sur les quelque 6 millions de personnes de tradition musulmane en France, on compte à peine 20 % de pratiquants authentiques, qui vont à la mosquée et prient cinq fois par jour comme le veut le Coran.
Mais, même pour les 80 % de non pratiquants, le ramadan reste le mois incontournable.
Pour la première fois, les instances musulmanes françaises ont décidé que les dates du ramadan seraient fixées à l’avance, et non plus d’après l’observation de la Lune. Qu’est-ce que ça change ?
On en parlait déjà depuis quelques années.
Le 9 mai 2013, l’Union des organisations islamiques de France(UOIF), la Grande Mosquée de Paris et le Rassemblement des musulmans de France, les trois plus grosses fédérations musulmanes de notre pays, sont enfin tombées d’accord.
Désormais, les dates des ramadans sont déterminées sans tenir compte de l’observation de la Lune.
Cette petite révolution va enfin permettre aux fidèles de programmer les préparations de leurs fêtes, de fixer leurs jours de congés auprès de leurs employeurs.
Le scientifique que je suis (NDLR : docteur en physique, enseignant à l’École supérieure de chimie physique électronique de Lyon) s’en réjouit.
La Turquie, la Bosnie ou l’Allemagne nous avaient précédés dans ce choix.
Quel est le sens du ramadan ?
C’est le moment où Dieu s’est révélé au prophète Mohammed.
Je le définis comme le mois du cœur, du don et de l’intelligence.
C’est le temps du voyage intérieur, où le croyant médite sur sa relation à Dieu et aux autres.
C’est également la période où l’on doit donner autour de soi, nourriture, argent, mais aussi tendresse et amour. Et le moment où l’on se rapproche des pauvres de la planète en souffrant comme eux de la faim, par le jeûne que l’on s’impose.(…)
Pourquoi apportez-vous un soin si particulier aux relations avec les chrétiens ?
Ces rapports sont essentiels.
Avec tout ce que nous vivons aujourd’hui – violence, exclusion, matérialisme excessif -, un travail commun est incontournable. À la mosquée Othmane, c’est l’une de nos préoccupations premières.
On ne peut plus se contenter de vivre côte à côte. Nous devons nous enrichir les uns les autres.
► Lire l’intégralité de la rencontre avec Azzedine Gaci dans Pèlerin n°6814, paru le jeudi 4 juillet 2013.
Modification : Alors que le ramadan devait débuter mardi 9 juillet 2013, la Mosquée de Paris a annoncé, le jour-même, un report de ce coup d’envoi, décalé de 24 heures. Le mois de jeûne débutera finalement mercredi 10, avant de se terminer le 9 août avec la fête de l’Aïd-el-Fitr.
Interview d’Azzedinne Gaci pour Luc Balbont et Alice Meker
Publié dans Pèlerin n°6814, paru le jeudi 4 juillet 2013
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