Le dialogue, la participation et la coopération entre l’islam et les autres religions sont des pratiques admises et recommandées dans le Coran. En effet, Dieu dit en citant les gens du Livre, peuples ayant reçu la révélation :
« Et discute avec eux de la meilleure façon. » Coran 16/125
« Dis : Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors de Dieu. » Coran 3/64
En émigrant à Médine, le Prophète (PSL) avait des relations avec les chrétiens et les juifs, de Médine et des cités alentours. Il considérait que tous les habitants de Médine, anciennement Yathrib, constituait une même communauté de citoyenneté. Le Prophète (PSL) avait reçu une délégation des chrétiens de Najrân, en particulier[1] ai sein de la mosquée pour s’entretenir avec eux.
Ce dialogue avec les autres confessions est basé sur les fondements de l’islam, l’unicité de Dieu, les missions des Prophètes ou l’origine de l’humanité, et plus généralement sur l’universalité du message de l’islam et la nécessité du témoignage par le dialogue le plus séant, sans contrainte ni coercition et dans le respect des convictions de chacun.
Il existe certes des divergences entre l’islam et les autres religions révélées mais il y a aussi des points de convergence importants comme le fait de croire en Dieu, aux missions des Prophètes et au Jour du jugement dernier. Il en est de même pour les fondements de la morale, des structures de la société comme la famille, les questions relatives à l’environnement et aux droits de l’homme, à la défense des opprimés et de la justice. Ces religions s’accordent aussi pour dénoncer la corruption, la tyrannie, les génocides, les agressions et le fanatisme, et œuvrent en faveur de la tolérance sur les plans local et international.
Ce rapprochement avec les autres religions est d’autant plus important que l’on assiste aujourd’hui à un besoin de spiritualité, d’entraide, de solidarité face à la domination de la matérialité et d’une atomisation de la société, qui incite à l’individualisme et à l’égoïsme. Les êtres humains sont amenés à vivre et à œuvrer ensemble. Ceci renforce encore plus la nécessité de ce dialogue interreligieux et notamment avec les gens du Livre pour valoriser et défendre les points communs et de convergence sans s’attarder sur les points de discorde et de divergence. Dieu dit :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. » Coran 49/13
Et le Prophète (PSL) a témoigné que les serviteurs de Dieu sont tous frères[2]. Dieu a dit également :
« Soyez plutôt solidaires dans la charité et la piété et non dans le péché et l’agression. » Coran 5/2
[Décision 1/4]
Toutefois, si l’expression « le rapprochement entre les religions », qualifie la relation entre l’islam et les autres religions, elle ne signifie nullement réduire, voire annuler, les différences essentielles qui séparent l’islam des autres religions d’un point de vue de la croyance tel un compromis entre unicité et trinité. Cette expression serait à rejeter. Dieu dit dans le Coran :
« Juge alors parmi eux d’après ce que Dieu a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, et prends garde qu’ils ne tentent de t’éloigner d’une partie de ce que Dieu t’a révélé. » Coran 5/49.
Musulmans de France a, depuis des années, aussi bien au niveau national, qu’au travers de ses mosquées, œuvré pour un dialogue fraternel, serein et respectueux avec les autres religions donnant naissance, ici et là, à des amitiés et des actions communes, issues d’un respect et une estime mutuels.
Le dialogue contribue largement à un vivre-ensemble et à renforcer la paix sociale.
[1] L’histoire de la rencontre du Prophète avec les chrétiens de Najrân est célèbre. On la retrouve dans la plupart des exégèses du Coran et des biographies du Prophète (PSL). Elle a été rapportée par Ibn Jarîr dans son Exégèse du Coran (3/305) d’après ‘Abdullah ibn ‘Abbâs, par al-Bayhaqî dans son Dalâ’il an-nubuwwa (5/384), par at–Tabarâni (n°3918) d’après les propos de Kurz ibn ‘Alqamadu, par al-Bayhaqî (n°5/382) et par al-Hâkam (2/593). On trouve l’origine de cette histoire dans al-Bukhârî (n°4119) d’après les propos de Ibn Mas‘ûd.
[2] Référence à Zayd ibn Arqam qui rapporte que le Prophète disait après chaque prière : « Notre Seigneur est le Seigneur de toute chose, je témoigne que Tu es Dieu, l’Unique sans associé… » Et dans lequel il dit aussi : « Je témoigne que les serviteurs de Dieu sont tous frères. » Rapporté par Ahmad (n°19293), Abû Dâwûd (n°1508) avec une chaîne de transmission « faible ». La fraternité humaine est confirmée dans plusieurs versets du Coran quand il parle des rapports des prophètes avec leurs peuples.