Ce jour de commémoration de la naissance du Prophète (prières et paix de Dieu soient sur lui) coïncide cette année avec la journée mondiale des droits de l’enfant. Le Prophète (prières et paix de Dieu soient sur lui) lui-même connut des épreuves douloureuses durant son enfance. Il n’a pas connu son mort, décédé avant sa naissance et perdit sa mère alors qu’il avait six ans. Orphelin, le Prophète (prières et paix de Dieu soient sur lui) a pu compter sur l’affection et la protection de son grand-père ‘Abd-al-muttalib puis, au décès de ce dernier, sur celles de son oncle Abu Talib. Le Prophète (prières et paix de Dieu soient sur lui) a toujours fait preuve d’une grande compassion et d’affection envers les enfants et a énoncé un certain nombre de droits dont les principes se retrouvent dans la déclaration des droits de l’enfant. Ces principes sont également dans le Coran.
En effet, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) ratifiée par le plus grand nombre de pays au monde (sauf les Etats-unis et la Somalie) a été signée le 20 novembre 1989. Elle consacre cinq droits fondamentaux à savoir, le droit à l’identité, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à la protection et le droit à la participation, en faveur de la protection et du développement de l’enfant. Ces droits fondamentaux sont développés dans 54 articles et qui sont résumés par les dix droits suivants :
La situation des enfants dans le monde demeure très préoccupante.
A l’image du Prophète (prières et paix de Dieu soient sur lui), les organisations humanitaires évaluent à 400 millions le nombre d’enfants orphelins. Il y en aurait dix-mille de plus chaque année selon ces mêmes évaluations. Dans certaines région en proie aux conflits, être orphelin c’est être encore plus exposé à l’exploitation, à la prostitution ou à l’enrôlement par les milices. C’est grandir avec moins de repères et souvent moins d’affection. C’est avoir besoin de tuteurs et de tutrices qui pourront donner une chance de mieux grandir, de se construire malgré le manque des parents.
Quand les conflits armés font rage, ce sont les enfants qui payent le plus lourd tribut. Les conséquences sont si catastrophiques qu’elles compromettent la reconstruction et l’avenir de la société. Les enfants, en plus de la peur, du déracinement, des traumatismes répétés, subissent les pires maux :
Depuis 2010, les ONG enregistrent une augmentation terrible du nombre d’enfants tués ou mutilés (les mutilations désignent toute blessure grave, permanente ou handicapante). Mépris des conventions internationales liées aux droits de guerre, les belligérants font acte de barbarie à chaque fois qu’un enfant est tué, mutilé ou affamé en temps de guerre.
Des dizaines de milliers de filles et de garçons dans le monde sont recrutés et exploités dans le cadre de conflits. Enrôlés de force ou enlevés à leurs familles impuissantes, ces enfants ne reprendront que rarement le chemin de la réhabilitation. Ce chiffre est constante augmentation.
Les attaques contre les écoles et les hôpitaux pendant les conflits sont de plus en plus nombreuses. Cela a particulièrement été attesté en Syrie et au Yémen où les enfants dénutris ne peuvent même plus recevoir des soins. Les écoles font régulièrement l’objet d’une occupation par les forces armées, privant les communautés locales d’un lieu collectif d’éducation, qui malgré l’horreur de la guerre, doit se poursuivre.
En temps de guerre, ils subissent viols, esclavage sexuel, traite et exploitation sexuelle, ou encore stérilisation et grossesses/mariages forcés. Dans certains cas, la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre pour humilier, traumatiser et pousser à la fuite les populations.
Dans les zones de conflits, les enfants sont fréquemment capturés ou enlevés, de manière temporaire ou permanente, et sont victimes d’exploitation ou de mauvais traitements (mutilés, victimes de violence sexuelles ou recrutés dans des groupes armés) voire tués. En 2017, le nombre de cas d’enlèvements d’enfants a augmenté de 70%.
Dans les zones de conflits du monde entier, les forces et les groupes armés empêchent l’aide humanitaire d’atteindre des millions de personnes – parmi lesquels beaucoup d’enfants – qui ont désespérément besoin d’aide. Les belligérants refusent souvent aux acteurs humanitaires l’accès aux personnes dans le besoin ou font en sorte que l’aide ne parvienne pas aux populations civiles. D’après l’organisation Save the Children, les incidents avérés de refus d’accès à l’aide humanitaire ont augmenté de plus de 1 500 % depuis 2010.
La malnutrition, quant à elle, entraîne des séquelles physiques, parfois mentales. Aujourd’hui dans le monde, 165 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance. Pourtant, si les conditions de soins sont réunies, on peut avec succès soigner un enfant dénutri et lui redonner la chance de se développer harmonieusement.
Les enfants sont également des victimes, nombreuses et répétées, de violences sexuelles. On estime qu’une fille sur trois et un garçon sur cinq seront abusés avant l’âge de 18 ans. Cela touche toutes les sociétés, 90% des victimes connaissant leur agresseur.
Par ailleurs, encore beaucoup trop de filles sont victimes de mariage forcé et souvent sans atteindre l’âge légal.
Enfin, malgré de réels progrès, l’accès à l’éducation et à l’instruction pour les enfants restent préoccupants : 200 millions d’enfants ne bénéficient pas des programmes d’éducation, de soin et de développement de la petite enfance, 61 millions d’enfants sont privés d’éducation dans le monde. 32 millions sont des filles, 250 millions d’enfants et d’adolescents ne savent ni lire ni écrire. Rappelons aussi qu’environ 168 millions d’enfants travaillaient en 2013 et 150 millions d’enfants vivent dans la rue.
Ces chiffres édifiant sont malgré tout en recul (sauf pour certains) particulièrement dans le domaine de l’instruction. Cependant, il n’est pas tolérable que dans le monde 2018 il y est encore tant d’enfants qui meurent de faim, tant d’enfants qu’on ne puisse pas protéger de la barbarie de la guerre, tant d’enfants qui meurent de maladies pourtant simples à traiter, tant d’enfants qui ne peuvent plus espérer après avoir vu et vécu tant de chaos.
Pour autant, partout où les adultes ont pris leurs responsabilités, partout ou des mesures simples de protection, de soins et d’éducation ont été prises, les résultats sont stupéfiants. Les enfants sont capables d’un courage et d’une vitalité extraordinaire. Ensemble, œuvrons à améliorer les conditions de vies de ces millions d’enfants, seul gage d’un avenir stable pour l’ensemble des générations futures.
Musulmans de France,
La Courneuve, le 20 novembre 2018