A Nepalese Muslim boy offers prayer during Eid al-Fitr celebrations at a mosque in Kathmandu July 29, 2014. The Eid al-Fitr festival marks the end of the Islamic holy fasting month of Ramadan. REUTERS/Navesh Chitrakar (NEPAL - Tags: RELIGION SOCIETY) - RTR40GK0
Notre pays traverse une nouvelle épreuve. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué « la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle. Et cette fois, elle est mondiale, systémique et inédite.
Sans céder à la panique, il est important de réaliser que cette pandémie a effectivement fait basculer notre monde dans une situation incertaine, soudaine et dont l’évolution a pu nous prendre de court.
Elle nous fait vivre une rupture. Une rupture dans nos habitudes, une rupture dans nos activités professionnelles mais aussi sociales. C’est cette même rupture que l’on vit aujourd’hui qui nous révèle la vulnérabilité de nos êtres et les limites de nos capacités humaines et matérielles.
Cette épreuve collective permet, en effet, un profond questionnement sur le sens que nous avons assigné à nos vies. N’avons-nous aucun autre choix que de vivre dans ce monde où l’emprise de l’argent et du pouvoir ont pris le dessus sur les droits humains, les droits de tout être sensible et de l’environnement ?
Ces prises de conscience peuvent nous rappeler l’essentiel et premièrement le fait que la santé est notre bien le plus précieux et que nous avons le devoir de protéger les plus fragiles.
Ces derniers ne sont pas seulement les personnes définies comme statistiquement plus vulnérables vis-à-vis du covid-19, ce sont aussi tous ceux qui n’arrivent pas à vivre dignement, qui n’ont plus de toit ou qui demeurent dans une grande précarité parfois même avec des enfants, ce sont ces migrants dont peu se soucient, ceux qui se tiennent debout aux abords de nos villes et qui pourraient rejoindre les moins chanceux qui gisent déjà au fond de la Méditerranée.
Elles nous rappellent aussi les autres maux de ce monde. Plus loin encore, la misère fait rage et la guerre inflige souffrances et traumatismes sous nos yeux impuissants. Des milliers d’hommes, femmes et enfants s’acharnent au travail pour satisfaire nos marchés qui ne leur offrent aucune perspective d’un avenir juste.
Nous ne changerons pas la face de ce monde du jour au lendemain mais vaincre cette pandémie ensemble et par l’effort collectif peut y contribuer. Elle est l’occasion de retrouver l’empathie pour l’autre et de redécouvrir notre humanité.
La situation actuelle demande à chacun d’observer des pratiques nécessaires pour limiter la propagation de ce virus. Le contact humain, notamment, doit être limité et particulièrement avec les personnes pour lesquelles le covid-19 peut être potentiellement grave ou fatal.
Ces nouvelles habitudes risquent d’entrainer une certaine distance avec autrui. Mais ces précautions ne sont pas nécessairement synonyme d’isolement, de repli sur soi et d’oubli de l’autre.
C’est dans ces moments, qu’il faut pouvoir faire vivre notre humanité. Notre solidarité doit pouvoir trouver sa place et s’exprimer tout en respectant les recommandations sanitaires.
Nous pouvons toujours montrer à nos proches et nos ainés que nous les aimons, que nous pensons à eux et que nous sommes prêts à les aider et les soutenir dans la solitude qu’ils pourraient subir.
Nous sommes aussi capables de faire preuve de solidarité avec nos amis, nos voisins et collègues sans avoir à physiquement se rencontrer. À nous d’innover de nouveaux espaces de coopération, d’échanges et d’entraide pour expérimenter une autre forme de sociabilité. Celle du soutien mutuel, de la compassion et de l’engagement pour transformer cette crise en une opportunité pour notre humanité de devenir meilleure et plus soudée.
Nous pouvons tous agir en commençant par ces prises de consciences et en prenant soin de tous ceux qui nous entourent, petits et grands.
En tant que croyants, il est donc de notre devoir de se comporter de manière responsable en contribuant à l’effort collectif sans céder à la panique. Quelle que soit l’épreuve, Dieu est toujours avec nous et nous avons confiance en Lui. L’espoir ne quitte pas le cœur du croyant car faire face à l’adversité finit toujours par porter Ses fruits.
C’est aussi une leçon de vie. Toute épreuve exige de la patience, de l’endurance, un effort sur soi afin de répondre à l’appel de Dieu à réformer nos vies et à nous abreuver de Sa parole pour nous guider.
مَآ أَصَابَ مِن مُّصِيبَةٍ إِلَّا بِإِذْنِ ٱللَّهِ وَمَن يُؤْمِنۢ بِٱللَّهِ يَهْدِ قَلْبَهُۥ وَٱللَّهُ بِكُلِّ شَىْءٍ عَلِيمٌ
64 : 11 – Nul malheur ne frappe que par la permission de Dieu. Quiconque croit en Dieu, Il guide son cœur. Dieu est, sur toute chose, Connaissant.
قُل لَّن يُصِيبَنَآ إِلَّا مَا كَتَبَ ٱللَّهُ لَنَا هُوَ مَوْلَىٰنَا وَعَلَى ٱللَّهِ فَلْيَتَوَكَّلِ ٱلْمُؤْمِنُونَ
9 : 51 – Dis : « Rien ne nous frappera, en dehors de ce que Dieu a prescrit pour nous. Il est notre Maître. C’est en Dieu que les croyants doivent placer leur confiance ».
فَإِنَّ مَعَ الْعُسْرِ يُسْرًا
إِنَّ مَعَ الْعُسْرِ يُسْرًا
94 : 5,6 – A côté de la difficulté est, certes, une facilité! A côté de la difficulté est, certes, une facilité! »
وَلَنَبْلُوَنَّكُم بِشَيْءٍ مِّنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِّنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ
2 :55 Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants,
ٱلَّذِينَ إِذَا ذُكِرَ ٱللَّهُ وَجِلَتْ قُلُوبُهُمْ وَٱلصَّٰبِرِينَ عَلَىٰ مَآ أَصَابَهُمْ وَٱلْمُقِيمِى ٱلصَّلَوٰةِ وَمِمَّا رَزَقْنَٰهُمْ يُنفِقُونَ
22 : 35 – ceux dont les cœurs ont peur quand le nom de Dieu est mentionné, ceux qui endurent ce qui les atteint et ceux qui sont assidus dans la Salât et dépensent de ce que Nous leur avons attribué.
Que Dieu le Très-Haut nous fasse miséricorde et préserve Ses créatures de la maladie et du deuil. Qu’Il unisse les cœurs et nous inspire la droiture. Qu’il agrée nos œuvres et purifie nos cœurs.
Musulmans de France,
La Courneuve, 14 mars 2020.