Une fois n’est pas coutume, dit l’adage, et pour preuve l’hystérisation du fait musulman à l’approche de chaque échéance électorale qui devient une habitude inscrite à notre patrimoine médiatico-politique.
Aujourd’hui, cet acharnement a laissé place à un nouveau processus qui s’est installé paisiblement sans que personne ou presque ne s’en offense : une banalisation de la parole et des prises de position ayant pour conséquence directe la stigmatisation des françaises et des français de confession musulmane. Puis comme s’il s’agit d’opinions assumées, cette libéralisation des discours de rejet et d’exclusion a évolué indépendamment de toute échéance. Elle s’est distillée jusqu’à inonder les ondes radio et les plateaux télévisés d’un discours nauséabond.
La stigmatisation de la communauté musulmane est aujourd’hui globale. On stigmatise à la fois des citoyens pour leur appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane (voire on agresse physiquement), on stigmatise les associations et fédérations musulmanes, on stigmatise les imams et théologiens de l’islam et on stigmatise nos textes religieux de référence.
Si la communauté musulmane est interpellée quant à sa visibilité, si les institutions musulmanes font l’objet de pression de médias, de politiques et d’une partie de l’opinion publique qui a malheureusement cru aux mensonges mille fois répétés, rien ne justifierait de renier ou de dévoyer le message de l’islam, de céder aux appels des marchands de haine, ni au repli ou au rejet de l’autre.
Il est inconcevable pour Musulmans de France de ne pas s’exprimer en ces temps décisifs de notre avenir commun. Ainsi, Musulmans de France prend la responsabilité qui est la sienne en prônant le respect des hommes et femmes de confession musulmane, le respect des pratiques cultuelles de l’Islam, des institutions musulmanes et des imams.
Musulmans de France interpelle les responsables politiques sur ces dérives, allant à l’encontre du respect de la dignité de chaque citoyen, de ses croyances et de sa conscience, ainsi qu’à l’encontre des lois et principes fondateurs de notre pays notamment la liberté de conscience, le libre exercice du culte et la séparation des Eglises et de l’état. L’état, par ses représentants, ne peut en aucun cas s’immiscer dans le contenu du culte mais veille plutôt à sa libre expression dans la limite du respect de l’ordre public.
Musulmans de France, rappelle toutefois aux responsables musulmans, ainsi qu’aux imams et cadres religieux de persévérer dans leur action quotidienne d’explication et de présentation de l’islam, en tant que foi et croyances, et en tant que voie spirituelle et pratique religieuse et de ne ménager aucun effort pour agir avec toutes les bonnes volontés pour un vivre ensemble dans la paix et le respect mutuel.
Musulmans de France,
Paris, le 10 mai 2022.