Cela fait précisément cents ans – le 11 novembre 1918 – qu’a été signé l’armistice mettant fin aux combats de la Première Guerre Mondiale. Sept mois plus tard, le traité de Paix signé à Versailles le 28 juin 1919 mettra un terme définitif à la guerre.
Ce conflit phénoménal a impliqué plus de trente pays ou empires et a causé la mort de près de 20 millions de personnes et autant de blessés. Près de 40 millions de victimes. Des chiffres qui donnent le vertige et montrent l’ampleur de cette guerre qui a été une hécatombe, particulièrement en Europe.
Transmettre la grande valeur de ces sacrifices aux jeunes générations qui n’ont connu que l’Europe unie, à travers l’Union Européenne, est un devoir de mémoire pour nous tous. Cela est d’autant plus important où, dans cette même Europe, des partis d’extrême-droite se mimant en mouvements nationalistes abritent les mêmes haines.
Rendons hommage aux millions de Français, morts aux combats et dans lesquels se sont associés des soldats issus des colonies. En effet, près de 12% des pertes militaires françaises (1 397 800) ont été recensées comme « indigènes », c’est-à-dire des personnes issues des populations autochtones des colonies.
C’est ainsi que des dizaines de musulmans ont combattu pour défendre la France et ses alliés. Les contemporains de l’époque étaient témoins du sacrifice faits par les soldats musulmans et, comme on le disait à l’époque, des courants « islamophiles » avaient pignon sur rue dans les milieux politiques et intellectuels. C’est d’ailleurs cette reconnaissance de la patrie qui accéléra le projet de construction de la Grande Mosquée de Paris que nous pouvons encore admirer et qui fut officiellement devenue le symbole de la gratitude de le République pour ses enfants musulmans tombés au combat.
Rendons hommage aux millions de blessés, de veuves et d’orphelins qui sont encore et toujours les stigmates irréversibles de toute guerre et que nous ne devons pas oublier.
Rendons hommage à tous ces Français, dirigeant ou simple citoyens, hommes et femmes, qui ont reconstruit sans relâche leur pays en maintenant dans leurs esprits les valeurs de la République. Valeurs qui se sont concrétisées dans l’accueil et le soutien à des millions de réfugiés, Français ou pas, qui sont entrés en France. Ces Français ont accueilli, épaulé et respecté ces personnes fragilisées ou meurtries, sans jamais s’inquiéter de ce qu’il le resterait. Sans jamais penser que cela ne serait pas possible ni même douter de leurs capacités. Une leçon encore bien utile est à en tirer.
Rendons hommage à la Paix, si précieuse, si naturelle pour nous autres alors qu’elle est si fragile. Nous le voyons tous les jours en regardant le monde, la paix et la liberté sont les rêves et la cause qui valent tous les sacrifices et pour lesquels, malheureusement, des milliers de gens meurent ou fuient. Ne les oublions pas.
Musulmans de France,
La Courneuve,
Le 11 novembre 2018
Michel Hubert, La population de la France pendant la guerre: Les Presses universitaires de France, 1931 – 1025 pages.