31En cette période de trouble et d’insécurité, chacun sent que certaines choses sont à changer, à réformer. Chacun le sent mais tout le monde pense que c’est à l’autre, celui qu’il estime être le premier responsable, de résoudre tous les problèmes. Effectivement, celui-ci est et devrait être le premier concerné et doit agir avec discernement. Mais si la solution au problème devait venir de nous, simple citoyens, briques éparses formant un tout que l’on nomme nation, société ou civilisation ? En effet, « les meilleurs des Hommes sont les plus utiles aux autres ». Et si le fait de nous concentrer sur ce que nous pouvions changer en nous-mêmes et autour de nous était la clé de l’épanouissement personnel ainsi que la clé pour parvenir à une société plus juste où tout le monde trouverait sa place ?
Redonner à chacun une part de responsabilité dans le devenir collectif paraît être d’une logique implacable mais sa mise en œuvre demeure une énigme dont il est très difficile de trouver la réponse afin de trouver un équilibre entre l’individu et la collectivité. En effet, comment parvenir à trouver un parfait équilibre nous éloignant de l’égoïsme tout en laissant une place non négligeable au destin individuel ? Faudrait-il que chaque individu de la collectivité s’approprie les valeurs universelles que promeuvent l’islam ainsi que la plupart des religions et philosophies pour pouvoir leur donner vie dans un cadre plus large qu’est celui de la société ?
Ceci parait simple mais une multitude d’obstacles se dresse pour s’opposer à une telle vision : de l’ego à l’esprit ultraconservateur en passant par le refus de changement ou la peur de l’après. Ainsi, chaque individu, chaque citoyen, chaque croyant doit avoir l’exigence de s’élever toujours plus haut afin que la société à laquelle tout le monde aspire puisse enfin exister et subsister.
Pour cela, il faut une bonne dose de confiance, d’audace, et d’esprit critique et de coopération, mêlés à un esprit d’endurance, de persévérance et d’humilité.
Il faut aussi avoir le courage de se pencher sur des questions qui fâchent mais ô combien importantes. Des questions qui réveillent les passions au détriment de la raison tant au niveau national qu’international, tant au niveau politique que social ou religieux.
Une de ces questions est la question de la réforme de l’islam, de la réforme enterrée depuis des siècles proposée initialement pas tous les grands prophètes. En effet, le monde actuel a été bouleversé par une multitude de révolutions : de la révolution copernicienne à la révolution des moyens de communication en passant par les révolutions industrielles, le siècle des Lumières, la conquête spatiale ou les nanotechnologies. Il paraît dès lors inconcevable que la grille de lecture utilisée il y a plusieurs siècles pour l’islam ou il y a des décennies pour l’organisation sociale ou politique, ne soit pas remise au goût du jour.
Il reste alors à nous poser des questions éminemment philosophiques et non technocratiques telles que : quelle société voulons-nous ? Que devons-nous changer pour travailler, vivre, et coopérer en osmose entre toutes les composantes de la société ? Comment lutter tous ensemble pour une société plus juste à tous les niveaux ? Comment protéger les plus faibles tout en respectant leur dignité ? Comment respecter notre planète tout en conservant et multipliant nos besoins énergétiques ? Quel doit être notre rapport aux animaux ?
Voilà de vastes questions qui seront abordées lors de cette grande rencontre qu’est la Rencontre Annuelle des Musulmans de France.